8 Financement égalitaire, médias indépendants.

Argent et démocratie
En introduisant un élément de démocratie économique dans la démocratie politique pour obtenir une démocratie vivante, il nous faut remettre en question la place prépondérante de l’argent dans le jeu politique aujourd’hui, dans les médias, les think tanks, les campagnes et les partis.
Les 10% de français les plus riches donnent plus de 50% des dons et cotisations aux partis le plus souvent ceux de droite. Et c’est l’État, le contribuable, qui les rembourse à 66% par les réductions d’impôts aux donateurs. La moitié des français les plus pauvres, non imposables, sont écartés de ce système de financement. Les pauvres sont exclus mais, par les impôts indirects, ils paient avec les classes moyennes pour que les plus riches financent leurs propres partis généralement de droite à moindre frais.
Le système de financement des partis est inique, inégalitaire à l’avantage des riches. L’État dépense autant en déduction d’impôts pour une toute petite minorité de riches donateurs que pour le financement direct des partis au prorata des votes et du nombre d’élus, autour de 65 millions d’euros par an dans les deux cas. Un euro donc en moyenne pour un citoyen classique et jusqu’à 5 000 € de remboursement par an pour les donateurs fortunés.
Résultat, plus il y a d’argent injecté et plus il y a d’élus à la clé. Telle est la réalité dans notre pays.

Concernant le financement public direct, il est indexé sur le pourcentage de voix aux législatives et sur le nombre d’élus déjà obtenu. Difficile qu’émergent de nouvelles forces politiques dans ces conditions. Sauf si elles sont financées par de riches donateurs…

L’économiste Julia Cagé, auteure du Prix de la démocratie chez Fayard en 2018, propose de remplacer le financement des partis par un « bon pour l’égalité démocratique » annuel, anonyme et égalitaire de sept euros mis à disposition de chaque citoyen et alloué au mouvement politique de son choix.
Ce en remplacement de tout le financement actuel.

Les Esprits Libres sont proches de cette proposition visant à la démocratie du financement équitable des partis, condition de la démocratie elle-même.
Nous proposons le financement des partis suivant :
 la cotisation au parti, ne pouvant excéder 100 € par an. Exit les autres dons.
 1,5 € par an pour chaque voix obtenues aux législatives.
 bon pour l’égalité démocratique, reprenant partiellement la proposition de Julia Cagé, pour un total de 5 € par an pour chaque citoyen, un bon de 3 € et un de 2 € pouvant être attribués à deux partis différents afin de faire émerger de nouvelles forces politiques, à glisser dans une enveloppe cachetée anonyme. Dans le cas où l’enveloppe n’est pas renvoyée, les sommes non utilisées seraient réparties au prorata des résultats des votes législatifs.

Annualisation du financement, financement stable, égalité stricte entre les citoyens.
Façon égalitaire de faire son choix tous les ans, de démocratie continue, de démocratie vivante.

« L’information est un bien public. Refonder la propriété des médias. »
Là encore ce titre du livre de Julia Cagé et Benoit Huet donne le ton de la nécessaire réforme pour démocratiser l’information et permettre aux citoyens de reprendre le contrôle des médias et confiance dans l’information.
Huit industriels vont posséder la majorité des médias français. Face à cette concentration le pluralisme d’opinions est réduit et le débat public appauvrit. Les journalistes ne sont pas consultés lorsque leur journal est vendu. Un actionnaire peut interférer dans la rédaction et se débarrasser de journalistes.
Bien public, la production de l’information doit être confiée à des journalistes disposant d’une véritable indépendance éditoriale.

Une loi de démocratisation de l’information doit permettre aux journalistes et aux citoyens de prendre le contrôle de médias indépendants gouvernés de manière démocratique et tournés vers la production d’une information de qualité.
Cette loi doit entres autres :
 Limiter la concentration des médias et le cumul des possessions.
 Prohiber le cumul médias et téléphonie aujourd’hui généralisé.
 Organiser et soutenir la mise en place et la détention de médias à buts non lucratifs non vendables.
 Réduire drastiquement la publicité dans le financement.
 Organiser la transparence de tous les financements.
 Protéger les journalistes. Leur donner du pouvoir avec 2/3 de journalistes au minimum dans les conseils d’administration. Leur donner le droit d’agrément sur la direction et en cas de revente.
 Démocratiser et réglementer la gouvernance des grands groupes.
 Renforcer les pouvoirs du CSA.
 Limiter le pouvoir des GAFA et leur faire rémunérer l’utilisation des contenus et extraits utilisés. Briser toute forme de monopole en garantissant la concurrence. Organiser l’équité fiscale avec les autres entreprises.

Les aides à la presse doivent être conditionnés à des critères d’utilité publique.
Des moteurs de recherche indépendants et de service public hors publicité doivent être créés.