6 Économie et société AVEC marché 

Le REVENU CITOYEN
nous fait passer d’une économie et d’une société DE marché, à une économie et à une société AVEC marché. Il organise la primauté de l’être sur l’avoir, l’image et le paraître.

Leçon de marxisme et d’économie politique à l’ex-trotskiste Jospin qui, fin dialecticien disait : « Je suis pour une économie de marché, je ne suis pas pour une société de marché. ».

Laurent Fabius, critiquant la proposition de son rival Strauss-Kahn consistant à verser un pécule aux jeunes et « après tu te débrouilles », rappelait, en la tronquant, la citation de Lionel Jospin : « Lionel Jospin disait avec justesse : « L’économie de marché existe, je ne suis pas partisan d’une société de marché ». Là, c’est le troisième stade : ce n’est pas l’économie ni la société, c’est la pensée de marché. »

Que penser de ces tergiversations ?

Il nous faut remettre les choses à leur place, remettre les pendules à l’heure, comme dirait Julien Dray collectionneur de montres qu’il achète parfois très cher en espèces.
Convoquer Karl Marx, Jaurès, toute l’économie politique, toute la science politique, tutti quanti et les autres pour écarquiller les petits yeux de nos amis laborieusement socialistes.

Pourquoi Fabius déforme-t-il le propos de Jospin ?  
Jospin, on le constate, avoue son ralliement à l’économie DE marché. Fabius fait semblant de ne pas l’entendre. Draguant à gauche, pour cause d’investiture, l’ex-social libéral ne veut pas parler de « ralliement » mais de « constat » : « L’économie de marché est là, c’est un fait incontournable, on ne peut revenir en arrière mais nous ne l’avons pas voulue. », toujours « responsables mais pas coupables ». Nuance entre l’entriste, très triste en effet, trotskiste qui avoue « je suis pour » comme Sardou dans la chanson, et le repenti Fabius « c’est un fait ». « J’suis qu’un pauvre fossoyeur et si la mort n’existait plus j’crèverais de faim sur mon talus. » Georges Brassens.

Notre gauche se divise :

- Ceux qui combattent l’économie de marché : anarchistes, communistes, trotskistes, anticapitalistes, anti-libéraux.
- Ceux qui constatent l’économie de marché, la déplorent mais font avec sans espoir ni volonté de pouvoir revenir en arrière. Pensée morte-Emmanuelli, honteuse-Fabius ou opportuniste-Mitterrand, les socialistes.
- Ceux qui la constatent, s’y rallient mais veulent la réguler :
Jospin, Rocard, Strauss Kahn, les sociaux-démocrates et sociaux-libéraux, Rocard.

Tous commettent une erreur dialectique, à partir d’une volonté, d’intentions bonnes dont ils pavent leur pensée, tous sauf les opportunistes mitterrandiens et leur mentor sans scrupule hors de la gauche.


Concernant la dialectique :

L’économie DE marché entraîne la société DE marché qui entraîne la pensée DE marché.
Celui qui accepte, ou se rallie, ou constate l’économie DE marché sans la contester est de fait impuissant face à la société DE marché et à la pensée DE marché.

Comme on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre, on ne peut avoir l’économie DE marché et la société sans ou simplement avec marché, on a une société DE marché. Esprits Libres et marxistes sont, pour une fois, d’accord. Le réel fait mal quand on s’y cogne.

Dans ces conditions dialectiques ne reste-t-il que la réponse
cohérente des marxistes qui veulent une socialisation des moyens de production, une révolution un soir plutôt de grande taille ? En restons-nous au socialisme historique et dialectique, à la lutte des classes et naguère à la dictature du prolétariat ?

La réponse est libérale-égalitaire, libérale-libertaire, centriste, réformiste radicale, elle est esprit libre citoyen. Le marché existe et nous le régulons comme les sociaux-démocrates.

Mais l’économie comme la société comme la pensée n’est pas seulement mercantile, elle est aussi distributive, dotée d’une fiscalité d’utilité publique et écologique, de service public, de communs, solidaire, sociale, étatique…

Contrairement à toute la classe politique qui se partage entre partisans de l’économie de marché plus ou moins régulée et adversaires de l’économie de marché, nous sommes pour une économie AVEC marché et non DE marché, pour une société AVEC marché et non DE marché.

Nous sommes contre l’économie DE marché car elle entraîne la société de marché et la pensée de marché.
Limité et régulé, le marché est productif et bénéfique. Non limité et non régulé, il est criminel et suicidaire. Interdit, il entraîne le collectivisme, le totalitarisme ou l’anarchie.

Notre positionnement nous distingue et nous positionne dans la perspective d’une nouvelle société.
Revenu Citoyen comme combat contre la politique dite sociale et contre les aides et allocations, contre le plein emploi, pour la liberté de licencier et d’embaucher, pour le service public garanti et ininterrompu, pour l’emploi et le service public partagé, pour la créativité.

Le marché ne signifie pas le capitalisme qui est tout marché.

L’absence de marché, collectivisation et planification, fige l’économie et la société dans un dictat totalitaire tuant la créativité. Le marché, le public et les communs doivent s’harmoniser. La fiscalité d’utilité publique avantage les secteurs autogérés et coopératifs et l’utilité culturelle, sociale et environnementale. Elle est tant qualitative que quantitative. Elle limite la concentration et les monopoles, le gaspillage et l’obsolescence. Elle instaure la démocratie économique.


Une économie distributive et non redistributive

Le marché florissant et actif mais l’essentiel du commun doit échapper à la loi du marché et à la centralité du couple travail-capital, afin de définir une citoyenneté fondée sur une spiritualité civile et laïque, sur la primauté de l’être dans la politique, dans l’organisation de la cité, sur la créativité.

Les Esprits Libres discernent ce qui dépend du marché, offre demande, ce qui en dépend partiellement et ce qui n’en dépend pas. Ils mettent en place une fiscalité d’utilité publique fusionnant CSG et impôt personnalisé et à la source sur les revenus et tenant compte des qualités et non seulement des quantités dans l’imposition. Ce à l’avantage du commerce de proximité, de l’artisanat, de la petite entreprise, de l’agriculture écologique, de la pêche raisonnée, de la petite exploitation, de la recherche, de la santé, de la culture, de la qualité de la vie et des produits. Le R.C. est une régulation républicaine et libertaire de la part libérale de l’économie.

Nous sommes libéraux car partisans des libertés et acceptant le marché mais dans une acception républicaine et citoyenne. Libéraux-libertaires car le marché, dont la domination du capital financier est inacceptable, ne peut à lui seul réguler la distribution des richesses et organiser la cité.


Pour le libéralisme politique, contre le néo-libéralisme

Le libéralisme politique est une valeur essentielle de la gauche libérale et libertaire contre la gauche totalitaire. En remplaçant le terme de capitalisme par celui de libéralisme, l’extrême gauche et le PCF, entretiennent la confusion et gratifient le système capitaliste, qui n’est le plus souvent pas libéral mais répressif et monopoliste, et qui, traité de libéral, apparaît comme défenseur des libertés. Avec cette fausse analyse, on en arrive à traiter Pinochet de libéral et bientôt les Chinois seront taxés de libéraux. Dialectique minable, incapacité sémantique à combattre le capitalisme. La gauche totalitaire anti-libérale se fait l’alliée du capitalisme. Assimiler le capitalisme au libéralisme constitue plus qu’un crime, c’est une faute qui range de facto le capitalisme dans le camp de la liberté. Confusion entre libéralisme politique, qu’il s’agit de défendre, et un libéralisme économique outrancier, néo-libéralisme, qu’il s’agit de combattre. Naturellement cette extrême gauche non libertaire est aussi ennemie du libéralisme politique, de la liberté tout simplement. Défendons le libéralisme politique face aux totalitaires autant qu’il nous faut combattre un certain libéralisme économique, le néo-libéralisme capitaliste.

Ceux qui sont incapables de distinguer le libéralisme politique du libéralisme économique, du néo-libéralisme et du fascisme se sectarisent tentés qu’ils sont par le social-fascisme. Ils suivent l’affect de la colère sur lequel le populisme surfe.


Parlons économie AVEC marché et société AVEC marché

Soit mais quel est le second terme, qu’est-ce qui dans l‘économie et dans la société n’est pas le marché, ne relève pas du marché ? Ce sont, en particulier, les communs.

Nous parlons d’économie avec marché et communs et de société avec marché et communs.

Le marxisme considère que l’économie est déterminante en dernière analyse. Cela a donné la misère ou le capitalisme monopoliste d’État ou la chinoiserie communisme et capitalisme, couple infernal.

La culture, les communs et la nature sont, en dernière analyse, déterminants dans les rapports dialectiques individus-marché. Communalisme et libéralisme politique, écologisme fixant les limites, le cadre du libéralisme politique, l’exercice du marché, socialisme libéral et libertaire, écosocialisme, communalisme, anticommunisme, anticapitalisme.


Dans la dialectique communs-marché, que l’on retrouve tant dans l’économie avec communs et marché que dans la société avec communs et marché, l’élément « communs » doit rester déterminant en dernière analyse si l’on considère que la nature est un commun et que la culture apportée par le citoyen en est un autre. Dans ce cadre, dans cette problématique, dans cette conception du monde le marché s’exerce « librement ». C’est dire que sa liberté est relative en ce sens qu’il ne peut s’en prendre aux communs ni dominer les individus, les vies, la culture. Nous sortons de l’homo-économicus et de la marchandisation de la culture. Le marché est placé sous un régime de légalisation contrôlée.

L’État libéral-libertaire, socialiste écologiste, social-écologiste garantit le marché dans ce cadre communaliste écologiste. Réfutation du marxisme et du capitalisme, de la droite et de l’extrême gauche. Le cadre démocratique va du centre droit à la gauche dans ce cadre écologiste et communaliste. Cadre démocratique excluant le capitalisme et le communisme et ses partis, droite, extrême droite et extrême gauche dont les partis communistes ou ce qu’il en reste de débris. Le XXème siècle aura été celui de la barbarie, le XXIème sera celui du communalisme libéral-libertaire, du social-écologisme avec marché régulé et spiritualité rationaliste, civile et laïque.

Mauvaise pioche la social-démocratie n’est pas épargnée avec son ralliement à l’économie DE marché. Il va falloir rétrograder à l’économie AVEC marché sans adopter les lubies de l’économie sans marché, étatisée, capitalisme monopoliste d’État ou capitalisme ouvert d’État, passer de la social-démocratie à la social-écologie libérale-libertaire.

Les doctrines de l’assistanat, du social, du droit au logement, du statut des intermittents, des statuts et régimes spéciaux de retraite et autres doivent aussi être dépassées.

Passons à la citoyenneté qui exige le Revenu Citoyen aligné sur le seuil de pauvreté situant chacun dans l’accès aux communs et faisant de la culture et de la santé les biens communs premiers, fondamentaux d’accès libre permanent.

Le but n’est pas la croissance ou l’emploi, il s’agit de faire de son existence une œuvre d’art, primauté de l’être et de la créativité dans l’organisation de la cité.