6 Mariage non reconnu


N’accordons pas à la famille une valeur civile intrinsèque, la société n’a pas à reconnaître  le mariage

Au nom de la fraternité, la sollicitude doit plutôt aller vers les personnes seules et en particulier les femmes et les personnes âgées, et chez les femmes, surtout vers celles ayant des enfants à charge.


La famille n’est plus un fondement de nos sociétés

Le couple en lui-même n’est pas une famille. Il est inutile de se marier pour vivre en couple ou avoir des enfants.

Outre une soumission aux conventions conformistes réactionnaires au service de l’ordre moral et de la police des mœurs, le mariage est souvent un mode débrouillard permettant de réduire des charges fiscales et souvent aussi une forme d’exploitation et de prostitution légale des femmes, mari client unique, femme achetée.

Un tiers des mariages se défait au bout de sept ans entraînant des combinaisons de parentés recomposées ou monoparentales où, dans 95 % des cas, ce sont des femmes qui élèvent les enfants.


La société n’a pas à reconnaître le mariage

Au nom de l’égalité, l’État n’a pas à discriminer les célibataires, les couples en union libre et les pacsés par rapport aux mariés. La société n’a pas à accorder des avantages fiscaux aux mariés qui partagent des charges que les célibataires supportent seuls. Les avantages fiscaux consentis aux personnes mariées constituent une ségrégation, une injustice vis-à-vis des personnes seules.


Le PACS et un Contrat de parenté suffisent

Le Pacte Civil de Solidarité doit pouvoir être élargi à plusieurs personnes. Une petite communauté ou une famille élargie doivent pouvoir mettre en commun leurs ressources et pérenniser ensemble leur avenir autant que deux personnes. Le Contrat de parenté règlera les problèmes de filiations, de responsabilité parentale et de successions. Contrats suffisants pour gérer les rapports entre individus et les rapports de parenté.

L’État libertaire n’a pas à se mêler des rapports amoureux ou de couple qui ne concernent que les intéressés. Le mariage est une affaire privée et doit le rester. D’autant que la gestion des mariages coûte cher à la collectivité, et celle des divorces, cher aux époux. Que des religions ou autres groupes célèbrent des unions ou mariages de toute sorte relève de leur liberté mais ne doit avoir, au nom de la laïcité, aucune valeur ou incidence civile, juridique, ou fiscale.


Le mariage est un asservissement social et politique

Dans l’histoire de l’humanité, le mariage a servi à aliéner les femmes et à les exploiter sexuellement et dans leur force de travail comme prostituées de fait, comme femmes de ménage, comme gardiennes du foyer, voire gardiennes des ascendants et descendants, et comme éleveuses d’enfants, voire d’animaux et de plantes, à la maison. Naguère encore, elles perdaient leur nom pour le macho et devait obtenir l’autorisation du bonhomme pour travailler ou détenir un carnet de chèque.

Aujourd’hui, les partisanes de la servitude volontaire qui consentent à se maquer de cette façon ont un meilleur sort car les droits des femmes ont progressé partout dans ce monde grâce aux révoltes féministes et libertaires, hostiles au mariage, de 1968 et des années 1970 en particulier.

Mais en se mariant, le plus souvent aujourd’hui encore, les femmes signent de fait pour un contrat de travail au foyer à durée indéterminée et à salaire aléatoire, qui dépend de la situation sociale du mari, pour un droit de cuissage idem, pour un cocufiage quasi certain, pour un frein à leur émancipation professionnelle, pour un double travail lorsqu’arrivent les enfants et pour pire lorsqu’elles sont quittées et doivent élever seules ces enfants. Dans une minorité des cas, le mariage est plus équilibré mais rarement à l’avantage de la femme.

Au nom de la liberté, les Esprits Libres dénoncent le mariage en tant qu’institution de servitude.

 

Le mariage pour tous est une affaire de dupes

Cela dit, dans la mesure où, hélas, le mariage, institution réactionnaire, est encore reconnu et accorde des avantages, il est logique et amusant de l’ouvrir, au nom de l’égalité et sans discrimination, aux couples homosexuels. Mais nous pataugeons là dans la misère sociale et politique.

L’avantage de cette ouverture aux couples homosexuels réside en ce qu’elle ridiculise définitivement cette institution inique et condamnable et fait enrager les religieux et la droite intégristes qui se dévoilent homophobes.

Pour l’homosexualité, pratique singulière hors norme, il est bien triste et dommage de se retrouver dans cette voie de garage droitière. Comme pour les hétérosexuels, se marier pour un couple homosexuel, c’est se normaliser et capituler devant la convenance sociale. Heureusement pour ces égarés, il reste le divorce mais qui prend du temps et de l’argent.

Pour les homosexuels comme pour les hétérosexuels, il ne faut pas s’aimer pour se marier, ne pas s’aimer soi-même, ne pas aimer l’autre, ne pas aimer les autres. Et ne respecter personne.


Au nom de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, les Esprits Libres ne reconnaissent pas le mariage civil.


________________________


La non-demande en mariage


Ma mie de grâce ne mettons
Pas sous la gorge à Cupidon
Sa propre flèche
Tant d'amoureux l'ont essayé
Qui, de leur bonheur, ont payé
Ce sacrilège

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin


Laissons le champ libre à l'oiseau
Nous serons tous les deux prisonniers sur parole
Au diable les maîtresses queux
Qui attachent les cœurs aux queues
Des casseroles

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin


Vénus se fait vielle souvent
Elle perd son latin devant
La lèchefrite
A aucun prix, moi je ne veux
Effeuiller dans le pot-au-feu
La marguerite

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin


On leur ôte bien des attraits
En dévoilant trop les secrets
De Mélusine
L'encre des billets doux pâlit
Vite entre les feuillets des livres de cuisine

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin


Il peut sembler de tout repos
De mettre à l'ombre, au fond d'un pot
De confiture
La jolie pomme défendue
Mais elle est cuite, elle a perdu
Son goût nature

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin


De servante n'ai pas besoin
Et du ménage et de ses soins
Je te dispense
Qu'en éternelle fiancé
A la dame de mes pensées
Toujours je pense

J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin

Georges Brassens