7 Centralité de la créativité


La centralité de la créativité remplace celle du travail

Le R.C. libère du productivisme capitaliste ou socialiste

Il ne s’agit pas, et heureusement, de fournir un emploi à tout le monde mais seulement aux demandeurs. Le but de la vie n’est pas de travailler mais d’être créatif, de s’émanciper. Le travail peut émanciper mais ce n’est pas le cas pour la majorité des travailleurs. Le Revenu Citoyen, c’est la liberté pour chacun de travailler à son rythme. « Nous n’avons pas à gagner notre vie, nous l’avons déjà. » Boris Vian.


Le travail est pour la masse un lieu d’aliénation, de soumission, de subordination. Pour une minorité privilégiée seulement un plaisir et un lieu d’exercice de la créativité.

Travail et capital sont liés. Le travail est devenu valeur centrale, organisateur de la cité, dans les systèmes productivistes matérialistes capitalistes et socialistes. Réalisation individuelle et lien d’ordre social se fondent sur le salariat, sur l’exploitation de la force de travail au bénéfice du capital. Confronté à la baisse tendancielle du taux de profit, à l’épuisement des ressources naturelles, à la croissance démographique, à la violence politique et à l’automatisation, ce moment productiviste peine à augmenter la production, à développer la croissance et le PIB, à créer des emplois, à juguler le chômage, à faire face à la contestation. Il en résulte pouvoirs autoritaires, concentration monopoliste du capital, pouvoir de la rente et de la finance, surconsommation, obsolescence, pollution, gaspillage, crises, misère et souffrance en particulier au travail qui se dégrade et se raréfie. Étape marquant un recul dans l’histoire de l’humanité entrainant une crise existentielle, politique, économique, sociale, écologique, une perte de repère et de sens.


Redonnons du sens, affirmons l’humain et les communs face au capital débridé. Obtenons de meilleures conditions de travail, des salaires décents, des cadences ralenties, des contrats non précaires, l’égalité hommes-femmes, des écarts de revenus réduits.

Obtenons une démocratisation des conditions de la production, une place meilleure pour les salariés et leurs syndicats, une répartition plus équitable des profits entre travail et capital.

Reprenons la main citoyenne sur les communs. Relocalisons la production économique, la production agricole et celle des énergies. Développons les alternatives d’économie sociale et solidaire, coopérative et écologique.


Remplaçons la centralité aliénante du travail par celle de la créativité. Reprenons les nobles objectifs des socialistes utopiques, réformistes, libéraux, libertaire, autogestionnaires, libérons autant que faire se peut l’humain du travail salarié. Instaurons un R.C. libérant du travail aliénant pour un travail créatif. Le R.C. favorise la contribution bénévole à la création de richesses sociales non marchandes.

Le chômage cesse d’être un problème social, la croissance cesse d’être un objectif social. Croissance et décroissance sont ciblées et recherchées en fonction du bien vivre commun.

Nul besoin de croissance pour éradiquer la pauvreté. Le R.C. rétribue l’éventuelle contribution bénévole de chacun à la création de richesses sociales non marchandes. Il reconnaît de fait la créativité, le bénévolat, l’engagement associatif. Il nous libère du productivisme. Il permet d’en finir avec le rêve fou de la politique du « plein emploi » qui ne se réalise jamais et qui voit, impuissante, le chômage monter. Supprimons, chaque fois que possible, les travaux inutiles et aliénants en remplaçant l’homme par des machines.

« Notre priorité, c’est l’emploi, l’emploi, l’emploi ! » Manuel Valls, 2015. Quand les idiots du « plein emploi », de « l’emploi pour tous » créent dix emplois aidés et inutiles, le génie humain fabrique une machine qui fait disparaître heureusement mille emplois. Heureux avantage du tracteur et de la créativité sur la bête de trait, la sueur du travailleur, le travail des enfants. Sortons de la centralité du travail, du travail précaire, de la recherche de la croissance à tout prix, sans discernement, respectons l’humain, en sortant de l’homo-économicus, conçu uniquement comme travailleur, salarié et consommateur, accessoire du marché. Sauvons l’humanité et préservons la planète et sa nature par l’écologie contre le productivisme et la pollution.


Pour un même résultat, moins on travaille, mieux c’est, philosophie qui entrave les sordides calculs productivistes.

Le R.C. remet en cause le monopole du travail, du capital, de l’héritage, des rentes et de l’assistanat dans la distribution des revenus et introduit une part citoyenne libertaire commune ne dépendant pas du marché. Il partage également entre tous les citoyens un R.C., un bien commun, véritable fraternité héritage des générations passées. En ce sens, le R.C. est un dépassement du marxisme et de la lutte des classes puisqu’il crée une appartenance citoyenne existentielle soldée par un revenu commun et une préservation judicieuse du marché sans son hégémonie capitaliste. « Grande relève des hommes par la science », comme l’ont affirmé les clairvoyants distributistes, passage d’une économie redistributive à une économie distributive. Le grand partage du travail qui résulte permet de retrouver des offres d’emploi disponibles, sans les chercher, en se fixant comme objectif social la suppression des emplois aliénants par les machines.


Revenu Citoyen, « valeur travail » ou valeur du travail ?

Le R.C. revalorise le travail effectué et n’encourage nullement la paresse. Exemple : Aujourd’hui en travaillant 35 h on touche un smic net de 1130 €. En restant chez soi on touche généralement entre 400 € et 600 € d’aides dites « sociales », voire bien plus, que l’on supprime, en tout ou partie, si l’on trouve un travail déclaré. Cela pousse à travailler au noir et à bénéficier des minimas sociaux.

Aujourd’hui, travailler 35 h rapporte entre 500 € et 730 € net de plus que de ne pas travailler. Avec le R.C., travailler 35 h c’est toucher 35 h et ne pas travailler n’apporte rien car les allocations et l’assistanat disparaissent.

Avec le R.C., le fait de travailler 35 h rapporte 1130 € net de plus que de ne pas travailler. Avec le R.C. le travail est donc revalorisé de 30 %. La différence entre travailleur et non travailleur, qui est dans notre exemple aujourd’hui entre 500 € et 730 €, passe à 1130 € avec le R.C. !

Aujourd’hui les travailleurs ont 1130 €, les assistés ont au moins 400 € : différence 730 €.

Avec le R.C., les travailleurs ont 1130 € + R.C. de 1000 € soit 2130 € et les non travailleurs ont seulement le R.C. de 1000 €, différence 1130 € soit l’intégralité de la valeur travail mieux reconnue. Le R.C. constitue une meilleure et juste revalorisation du travail et un plus grand écart de revenu entre ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas.

En fait, l’écart sera moindre puisque le travailleur salarié sera aux 24 h laissant un temps libéré de 3 ou 4 jours par semaine. La différence entre travailleur et non-travailleur sera donc moindre et le temps libre du travailleur le rapprochera aussi du non-travailleur. La communauté et la solidarité, sont renforcées, le travail est revalorisé, personne n’est assisté.


La valeur du travail, sinon la « valeur travail », est précisément défendue par le R.C. Les opposants, eux, défendent la valeur « emploi » à tout prix et le plus souvent à celui de l'exploitation de la personne. Le principe du revenu universel est, philosophiquement parlant, libéral, celui du R.C. est libéral-libertaire. Les conservateurs du système se condamnent à l'assistanat inique et impuissant qui rabaisse ceux qui le perçoivent et laisse 7 à 10 millions de personne en-deçà du seuil de pauvreté. En outre, ils animent la fable du plein emploi et le mythe de la croissance productiviste qui détruit la planète, même s’ils affichent des programmes inverses, pillés chez nous écologistes, et paravents de l’indigence de leur pensée. Les adversaires du R.C., partisans de l’exploitation, sont les ennemis des classes laborieuses. Qui défend les travailleurs ? Qui veut les libérer de l’esclavage salarié ?

L’extrême gauche ferait bien de méditer sur le fait que, pour financer le R.C., il faut nécessairement s’en prendre au capital financier, aux multinationales, aux patrimoines, aux rentes, salaires et dividendes excessifs. On ne peut se prétendre de gauche et ne pas vouloir abolir la misère et ne pas vouloir instaurer le R.C., profondément égalitaire et universel, sauf à relever d’une gauche productivisme et croissancisme marxiste ou social-démocrate.