12 Fédéralisme et souverainisme européen

Aimer la France, c’est aimer l’Europe
Le souverainisme européen est le seul souverainisme possible. Soyons les plus européens en revendiquant le fédéralisme. Un transfert de souveraineté au bénéfice d’une souveraineté européenne dans le concert mondial est le seul choix de force. Protectionnisme Européen, et uniquement européen et non national, en réponse aux autres protectionnismes. Rassembler les écologistes, le centre et les libéraux politiques européistes de tous bords.
Quels Etats-Unis d’Europe ?
Se réclamer du « fédéralisme », être « fédéralistes » est essentiel.

Pour une Europe à deux niveaux :
1 - Noyau fédéral de pays de la zone euro avec l’axe France-Allemagne autour d’un espace culturel européen, d’États Unis d’Europe. Parlement fédéral commun à Strasbourg. Gouvernement économique commun de la zone euro, banque fédérale d’intérêt public. Harmonisation des fiscalités, Revenu Citoyen, taxation des flux financiers, lutte contre les paradis fiscaux et le pouvoir des banques. Défense commune hors OTAN. Pas de livraison d’armes aux dictatures. Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité effectives. Défense de la langue française, de l’espéranto et des langues fédérales.
2 - Cercle d’union européenne large, actuel des 28, solidaire mais non fédéral, siégeant à Bruxelles, autour de la démocratie, de la coopération culturelle, économique et du libre échange. Si nous avions mis en place ces deux niveaux, l’Angleterre n’aurait eu aucune raison de quitter l’Union large, elle pourrait y revenir et la Turquie pourrait y entrer à terme.
3 - Coopérations renforcées entre le niveau fédéral et tel ou tel pays du cercle large permettant de fédérer partiellement tel ou tel.
Face aux nationalismes, un noyau fédéral européen fort peut seul pratiquer un souverainisme européen fort dans le concert des nations et dans un rapport d’égal à égal avec les autres entités mondiales. Ceux qui nous parlent d’un souverainisme national, pseudos souverainistes nationalistes et populistes des deux extrêmes, LFI, LR, RN en particulier, nous bercent d’illusion car un État isolé n’a aucun moyen d’exercer un véritable souverainisme. Le fédéralisme est notre avenir car il est notre seule force possible dans un cadre démocratique.

Réformer la France pour réformer l’Europe
Si nous voulons une Europe meilleure commençons par réaliser une France meilleure car notre pays est aujourd’hui un contre-exemple. Il ne sert à rien d’accuser l’Europe lorsque l’on est soi-même un professeur par l’exemple négatif. Notre Parlement est bien moins représentatif et démocratique que le Parlement européen pour ne citer qu’un exemple. Aimer l’Europe, vouloir l’Europe c’est commencer par changer la France afin qu’elle ne soit plus une monarchie présidentialiste mais qu’elle devienne une démocratie vivante apte au fédéralisme européen. Mettons en place une proportionnelle à correctif majoritaire pour que se dessine une démocratie vivante. Écologistes, gauche fédéraliste et centristes démocrates européistes pourront alors former une majorité et nous isolerons les extrêmes plaies de la nation et les partis du système monarchiste LREM, PS, LR, LFI, RN.
À considérer nos régimes nationaux, il est bien logique que l’Union européenne de ces régimes ne soit pas parfaite ! La France, insupportable monarchie présidentialiste, pseudo démocratie, se porte volontiers en donneuse de leçons, mais elle fournit un contingent non négligeable de nationalistes, de poutiniens, de populistes, au Parlement européen ! Si « aimer la France c’est aimer l’Europe », comme le disent les Esprits Libres fédéralistes européens, changer l’Europe, c’est d’abord changer la France, 6ème République, Revenu Citoyen, légalisation contrôlée et autres babioles.
Notons que l’ensemble de l’échiquier politique n’a pas été capable de contrarier le brexit en modifiant l’offre européenne par des cercles, l’un fédéral avec le noyau des six pour base et deux autres cercles dont l’un pourrait convenir à l’Angleterre. Une telle modification aurait été susceptible de faire revenir les anglais sur le brexit. Pas capable non plus d’appréhender en son temps le cas possible d’un second référendum revenant sur le brexit et laissant alors les anglais jouer un rôle négatif dans l’UE.
Il s’agit de réaffirmer le fédéralisme, adapté à un noyau, revenant sur la règle de l’unanimité et adoptant des règles fiscales et une défense communes, d’affirmer, en la constatant, l’impossibilité d’une souveraineté nationale et la volonté de souverainisme européen. Volonté d’unir les peuples et les pays et régions par la culture plus que par le marché.
Que vive l’Europe des lumières, Europe culturelle, Europe laïque, Europe démocratique, fédérale, sociale et écologique, Europe des esprits libres, celle-là même dont il ne fût guère question lors de la foire télévisée nommée débat, dont il ne fût pas question lors de l’entourloupe nommée débat national… La République en marche, oui, mais la sixième…
Aimer la France c’est aimer l’Europe. Il est temps que la gauche, le centre et l’écologie se retrouvent autour de l’européisme et plaident pour un noyau fédéral dans une Europe politique et culturelle. Le « souverainisme » national est un leurre, un mensonge, une fable, une impasse, une impossibilité matérielle étant donnés les rapports de force. Que seraient nos pays européens isolés sans intégration dans un ensemble fédéré ? Une proie facile et impuissante face aux mastodontes américain, russe, chinois, indien. La souveraineté sera européenne ou ne sera pas. Plaider pour le souverainisme national c’est réduire la France, à l’impuissance dans le concert des nations dominé par les grades puissances, c’est une trahison nationale.
Le fédéralisme, honni des extrémistes et/ou centralistes jacobins est le seul moyen politique pour chaque entité de rester souveraine dans l’association. Le fédéralisme permet à la commune d’être souveraine sur les questions communales, à la région d’être souveraine sur les questions régionales, à la nation d’être souveraine sur les questions nationales, au noyau fédéral européen d’être souverain sur les questions mondiales.
Le fédéralisme d’un noyau fédéral autour des pays fondateurs et de l’axe France-Allemagne s’impose devant la nouvelle situation internationale et le sentiment communautaire remonte face aux nationalistes populistes dont l’extrême droite reste la valeur sûre et dont les divers « souverainistes nationaux », de droite ou rouges bruns, ne sont que les idiots utiles.
Europe de la défense, traité énergétique et budgétaire. Parlement commun à Strasbourg autour du noyau fédéral des pays fondateurs et de l’axe France-Allemagne à coté du Parlement de Bruxelles.
Alors que nous avons en Europe une grande majorité de gouvernements droitiers non écologistes comment pouvons-nous exiger une Europe idéale ? Les dernières élections européennes ont confirmé ces tendances droitières. Si nous voulons faire évoluer l’Europe ce n’est pas en la tenant pour bouc émissaire de nos propres incapacités à changer notre propre république. Le Parlement Européen est par exemple beaucoup plus démocratique, féminisé et écologiste que le nôtre.
Dire qu’il faut quitter l’Europe si elle ne change pas à nos conditions, c’est comme dire qu’il faut quitter la France parce que le gouvernement ne nous plaît pas. Nous sommes à l’intérieur de l’Europe et nous devons la faire progresser en commençant par changer l’élément que nous sommes et qui la constitue.
On retiendra « Changer l’Europe, c’est possible », analyse de Thomas Piketty en cohérence avec les propositions d’un cercle fédéral européen et l‘éditorial de Laurent Joffrin dans Libération, « Europe, reprendre le contrôle ».