11 Pour la parité, quel féminisme ?

À l’échelle de l’humanité la cause de l’émancipation des femmes est l’un des principaux leviers de la libération.
Mais constatons que souvent le mouvement féministe ne met guère en avant le combat contre la servitude volontaire et le combat pour l’autonomie politique, économique et culturelle des femmes.
Pas ou peu de revendication de parité à l’Assemblée nationale. C’est pourtant la mère des batailles et la moindre des choses si on se dit féministe.
Pas de revendication de parité à la présidence de la République, soit par la suppression de cette élection, soit par l’alternance paritaire.
Pas ou peu de dénonciation du mariage, instance d’aliénation par excellence des femmes, par les pouvoirs publics et de son instrumentalisation par les religions. Pas ou peu de dénonciation des inégalités fiscales entre mariés et célibataires.
Pas ou peu de dénonciation des religions le plus souvent instruments d’aliénation des femmes.
Pas ou peu d’attaques contre le voile.
Pas ou peu de dénonciation de la cohabitation, vie sous un même toit, le plus souvent à l’avantage du plus fort physiquement, économiquement et socialement et, dans tous les cas, limitation à la liberté individuelle, souvent lieu de prostitution sociale, familiale, domestique.
Pas ou peu de revendication de Revenu Citoyen égal au seuil de pauvreté, individuel assurant une autonomie financière à tous et donc aux femmes souvent dépendante économiquement des hommes.
Pas ou peu d’aide à l’émancipation des femmes et au planning familial dans les pays pauvres.
Pas ou peu de lutte pour la légalisation contrôlée des prostitutions femmes et hommes.

La tribune Des femmes libèrent une autre parole, publiée dans Le Monde du 9 janvier 2018, est une contribution au débat à prendre en compte et ne mérite nullement une levée de boucliers. Il est légitime de se défier de l’ordre moral, du puritanisme, des intégrismes et totalitarismes religieux et politiques, de l’enfermement des femmes dans un rôle de victimes et de l’américanisation rampante.
Dans « raison de se révolter », il y a « révolte » et il y a « raison ».
Le titre étendard du hashtag « balancetonporc » est tellement lourd que l’on dirait une parole d’adolescents ou d’hommes un peu éméchés, une parole de comptoir ou de sortie de stade. Nombre de femmes ne peuvent s’y reconnaître, nombre d’hommes ne peuvent cautionner. Cette histoire de porc vient cochonner la cause, ânerie qui rejoint la basse-cour de la volaille qui fait l’opinion.
D’autant que dans l’histoire de l’humanité, l’assimilation d’individus à des animaux dans de nombreuses circonstances est de sinistre mémoire.
Face aux agressions et à la violence, la femme n’est nullement contrainte à n’être qu’une balance et nullement tenue de participer à la justice approximative de lynchage des réseaux dits sociaux.
Face aux agressions et à la vulgarité, la femme n’est nullement tenue à adopter la vulgarité comme s’il s’agissait d’être plus virile et aussi vulgaire que les agresseurs.
Pas gentil pour les porcs, à l’heure de la défense des animaux, et par ces temps de folie religieuse qui courent, consistant à ne pas consommer cet animal quand on sait que dans le cochon tout est bon.
Dans le Charlie Hebdo du 17 janvier 2018, Philippe Lançon, dans sa tribune Dans le jacuzzi des ondes intitulée Féminin-masculin, analyse avec pertinence le texte Des femmes libèrent une autre parole :
« La plupart des femmes que je connais sont plutôt libres, féministes. Elles ont conscience de ce que peut endurer une femme au contact des hommes, puisqu’elles l’ont souvent vécu. Mais elles supportent mal BalanceTonPorc et MeeToo : ce n’est ni leur rhétorique, ni leur façon de penser ou d’agir. Et leurs rapports aux hommes, très divers, ne sont pas ceux qu’induit et que tente de normaliser ce mouvement. La tribune des deux Catherine, Millet et Deneuve et 100 autres femmes dont Catherine Robbe Grillet et Brigitte Lahaye, ne leur donne pas une voix, mais leur permet d’entendre une autre voix.
Bien entendu, depuis sa publication, les signataires de cette tribune sont traînées dans la boue… C’est la musique de ceux qui parlent au nom du bien.
Il y a certes des maladresses dans la tribune, des subtilités qui, dans le contexte actuel ne peuvent être comprises ou admises. Par exemple, celle-ci : « Nous pensons que la liberté de dire non à une proposition sexuelle ne va pas sans la liberté d’importuner. Et nous considérons qu’il faut savoir répondre à cette liberté d’importuner autrement qu’en s’enfermant dans le rôle de la proie. » C’est juste, mais ça ne l’est que théoriquement. Dans la vie, ça ne l’est que dans la mesure où la liberté de dire non, existe concrètement : on sait que dans les entreprises, les écoles, et même les couples, c’est souvent loin d’être le cas. Cependant je préfère toujours une maladresse qui me rend libre de penser à une injonction qui me l’interdit. »
Les femmes, et les hommes solidaires, ont raison de se révolter contre les violences faites aux femmes, comme on a raison de se révolter contre toutes les violences faites aux dominés non consentants, aux faibles, aux minorités, aux femmes, aux hommes, aux enfants, aux animaux, à la nature… Les dénonciations, preuves à l’appui et portant sur des faits non prescrits, sont légitimes et nécessaires et ont leur place dans nos commissariats et devant nos tribunaux et nous devons les encourager. Le mouvement des femmes dans sa diversité est salutaire et il n’impose pas de sombrer dans la violence, la vulgarité ou le franglais.
La contribution des Esprits Libres consiste à dépasser les clivages en insistant sur l’égalité politique femmes hommes…
C’est en tant qu’esprits libres que les femmes, comme les hommes, veulent faire reculer la violence faite principalement aux femmes par certains hommes mais aussi toute violence dans les familles que ce soit contre les femmes, contre les enfants voire contre certains hommes.
Les esprits libres, femmes et hommes, veulent faciliter la parole et la prise en compte des plaintes des femmes agressées, instaurer la parité et mettre à bas les institutions réactionnaires. Un arsenal juridique existe mais il convient de le faire appliquer. L’arsenal politique laisse lui à désirer.
Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres revendiquent la parité à l’Assemblée. Seule une assemblée paritaire femmes-hommes permettra aux femmes de faire la loi à égalité avec les hommes. Alors les choses et la vision des choses seront changées.
Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres réclament la suppression de l’élection présidentielle au suffrage universel et un(e) président(e) simple arbitre, en alternant une femme et un homme dans cette fonction. L’élection monarchiste, érection pestilentielle, doit disparaître puisqu’elle porte toujours un homme en monarque au dessus de notre Assemblée Nationale.
Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres réclament des Conseils citoyens paritaires tirés au sort et doublant toutes les assemblées d’élus elles-mêmes paritaires. Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres réclament l’abolition du mariage civil, sa non reconnaissance par l’État et l’égalité en droits et en fiscalité entre les célibataires et les mariés. Le mariage est un moyen essentiel de la soumission de la femme.
Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres réclament des mesures laïques contre toute pratique religieuse et tout prosélytisme religieux qui remettrait en question cette égalité. Le foulard, si toléré dans la rue, doit être enlevé dans les lieux publics des services publics qui exigent la carte d’identité, postes, commissariats… et dans les lieux et accompagnements scolaires sanctuarisés. Foulards et couvre-chefs divers doivent également être enlevés par correction devant un professeur qui donne un cours, à l’université par exemple.
Pour l’égalité femmes hommes, les Esprits Libres proposent que la nationalité ne soit accordée qu’à ceux qui reconnaissent sur l’honneur la stricte égalité femmes-hommes et s’engagent à ne pratiquer et à ne se faire complice d’aucune discrimination sur cette question, qui reconnaissent le droit à l’avortement et à la contraception, les droits à l’homosexualité, tous les droits fondamentaux dont le droit à l’apostat et considèrent que le blasphème n’existe pas.
Soyons et formons des femmes et des hommes esprits libres.