18     Macron et l’érection pestilentielle

 

Front républicain

Nous soutenons n’importe quel candidat face à une extrême droite éligible.

 

2002 Vote blanc lors du duel Chirac - Le Pen.

Accident électoral dû aux candidatures de C. Taubira, N. Mamère et J-P. Chevènement et à une campagne de centre droit de Jospin. C. Taubira et N. Mamère avaient déjà coulé M. Rocard en montant avec F. Mitterrand la liste de B. Tapie en 1994. Aucun risque de voir Le Pen père gagner au second tour. Les voix de J. Chirac suffisaient pour battre l’extrême droite. La République n’était pas en danger. Idem pour les législatives à suivre. La personnalité de J-M Le Pen diabolisée constituait un repoussoir. Aller voter J. Chirac était facile, confortable, un peu lâche, manque de lucidité sur la situation réelle et les rapports de force. Préconiser en 2002 un Front Républicain inutile, comme JLM l’a fait, en appelant au vote J. Chirac, c’était freiner la gauche dans sa recomposition. L’essentiel de la gauche et de l’extrême gauche, s’est précipité pour s’acheter à vil prix un brevet d’antifascisme en votant Chirac et en défilant dans les rues.

Appel des Esprits Libres au vote blanc. Nous avions proposé que les forces démocrates du centre, de la gauche et des écologistes conditionnent un vote J. Chirac, c’est à dire un front républicain, à son engagement à mettre en place un scrutin paritaire proportionnel à correctif majoritaire. Le Front Républicain ne s’imposait pas. Le vote J. Chirac, une farce à la « fais-moi peur, je fais dans la résistance. » Déjà, seuls les Esprits Libres défendaient la suppression de l’élection présidentielle quand le troupeau du vote Chirac l’acceptait.

 

2007-2012, vote Royal et Hollande contre Sarkozy.

Nous avions proposé que les forces démocrates conditionnent un vote Royal à son engagement à mettre en place ce mode de scrutin. Ces forces ne nous ont pas suivi et portent la responsabilité de la situation actuelle. Notre rejet de N. Sarkozy nous avait conduit au vote S. Royal au centre droit de l’échiquier.
2012 : Même vote F. Hollande contre N. Sarkozy.     

2017, qu’est ce qui a changé ?

L’Histoire se répétait, mais la première fois c’était déjà une farce.

La candidate d’extrême droite s’est, aujourd’hui, pour une bonne part dédiabolisée. La proximité des programmes populistes et les sémantiques mélenchonistes, sauce rouge brune, lui donnent un coup de main. L’implantation du parti néo-fasciste est notable. Une partie de la droite est tentée par l’alliance. S’il paraissait évident que E. Macron pouvait l’emporter sur ses seules forces et sur les ralliements programmatiques, il nous fallait casser l’élan de cette extrême droite.

Dans cette situation le vote E. Macron paraissait le plus raisonnable pour décourager les voyous néo-fascistes du RN qui ne sont, ni des concurrents comme le PS, ni des adversaires, comme LFI ou LR, mais des ennemis qu’il s’agit d’interdire tant qu’ils reprennent comme emblème l’oriflamme fasciste du MSI.


Benoît Hamon

Certains d’entre nous ont soutenu Benoît Hamon lors de cette primaire car il a porté une partie de nos thèses : transition écologique, 6ème République, Revenu Citoyen.

En quittant le PS plutôt qu’en le contrôlant Hamon divise.

Les onze contributions des Esprits Libres à la campagne de B. Hamon ont été argumentées mais nous n’avons pas obtenu une orientation claire de sa part et son équipe de campagne ne nous a donné aucun signe favorable. En jouant le rapprochement avec JLM, puis en affirmant qu’il préférait ce dernier à E. Macron, voire qu’il voterait le cas échéant JLM au second tour, le candidat s’est tiré une balle dans le pied. Slogan inadapté comportant « faire battre… » ; « 49,3 citoyen » paralysant, inopportun et référendaire ; « taxation des robots » contre-productive car ce sont les profits et non les robots qu’il s’agit de taxer ; « Revenu universel » caricaturé jusqu’à lui faire perdre son caractère universel sous prétexte de transition, et ce sans supprimer l’assistanat ; pas de remise en question de cette élection.


Macron  
Nous avons soutenu Benoît Hamon sachant que, si cela coinçait, il resterait Emmanuel Macron. En mars 2017 nous indiquions qu’ « en dernière semaine de campagne, trois jours avant l’érection pestilentielle nous lorgnerons çà et là, dans les sondages, dans nos poches, chez nos proches, comme dans nos arrière-pensées et, comme une seule femme, comme un seul homme, nous étudierons la situation en gardant comme objectif, soit de gagner avec Hamon, soit de limiter la casse avec E. Macron, afin d’écarter la droite et les deux extrêmes. Nous ferons le point et, si la qualification de Benoît Hamon s’avérait impossible il conviendrait de soutenir sans état d’âme Emmanuel Macron s’il était seul capable de se qualifier. » 

Nous ajoutions que « si F. Fillon et l’extrême droite étaient en tête ou menaçants, B. Hamon et E. Macron devraient faire un pacte et le plus mal placé devrait se retirer. » et encore « Voilà ce que nous avons sous la dent pour le dîner de gala et il ne s’agit pas de faire la fine bouche ».  

À cinq jours du scrutin, force était de constater que B. Hamon ne pouvait se qualifier. Le vote B. Hamon restait conseillé pour les camarades et amis malades à l’idée de voter E. Macron. Restait le vote blanc. Nous ne sommes pas des déçus du macronisme s’agissant uniquement d’éjecter Fillon et les deux extrêmes.
Grâce à tous ceux qui ont eu à cœur de ne pas voir la candidate d’extrême droite arriver en tête à l’issue du premier tour car ainsi notre pays n’a pas sali son image internationale. 

 

Assemblée godillée par l’exécutif, assemblée de godillots, que récoltons-nous ?

Avec le dégagisme, la monarchie présidentialiste sans opposition et l’abstention majoritaire.

Les législatives n’existent plus que comme avalisation et amplification de la présidentielle. Le résultat : J-M. Le Pen au second tour en 2002 et aujourd’hui une assemblée monocolore. Merci le PS, merci L. Jospin, merci J-L. Mélenchon, merci les Verts avaleurs de couleuvres, et merci toute la classe politique d’accord à l’époque, F. Bayrou, J. Chirac et Cie, d’avoir transformé la monarchie constitutionnelle gaulliste de 1962 en monarchie présidentialiste depuis 2002.

Notons aussi que toute cette situation politique misérable n’est due qu’à l’emploi fictif de Pénélope et que sans cela nous aurions du Fillon poutinien à retordre… Chance que nous avons eue d’avoir Macron pour nous débarrasser du PS, de LR, de LFI et du FN-RN. Sans lui c’était au tour des populistes.

 

Cela commence mal

Merci à Macron d’avoir partiellement nettoyé les écuries de la 5ème finissante et d’avoir secoué les deux partis institutionnels. Nous y avons contribué et ne le regrettons pas mais il s’agit maintenant de ne pas marcher sur les sentiers battus.  

Il est l’homme de la droite ragaillardie, de la « start up nation », des chômeurs « qui n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du travail » du « pognon de dingue », des « premiers de cordée » oubliant les premiers de corvée, du « ruissellement » dont on ne sent jamais les gouttes, « le président des hyper-riches » comme le dit justement F. Hollande, l’homme de l’adaptation au néo-libéralisme et au TINA « il n’y a pas d’alternative ». Ce mégalomane dit aussi : « Je ne resterais pas au Sahel si… » assimilant le pays à sa personne.  C’est sa conception du monde.

LREM a mis du zèle lors des élections à bien choisir les adversaires de certains socialistes non ralliés et en a mis bien moins face à des figures qui incarnent le populisme et la réaction. On élimine des proches mais on épargne certains adversaires.

Cela arrange objectivement Macron de voir discréditée et caricaturée l’idée de 6ème République quand elle est salopée par J-L. Mélenchon qui la veut non libérale, non fédéraliste, non distributiste. Macron est servi par les deux extrêmes, opposants non crédibles et repoussoirs. Il partage avec eux le culte bonapartiste de la personnalité. 

 

Des godillots en marche, ça godille, quid du Parlement 

Un exécutif bonapartiste déterminé à mettre au pas le législatif et qui nomme d’autorité le responsable du groupe parlementaire. Ces nouveaux députés, issus d’un casting comme disent ces gens que le respect de la langue n’étouffe pas, arrivent avec pour feuille de route l’allégeance, l’inféodation du législatif à l’exécutif. Normal pour un mouvement qui s’est fondé sur les initiales de son gourou « E.M. ». Assemblée godillée par l’exécutif, assemblée de godillots. Dans ce groupe les « commerciaux » sont légion et l’idée de manager, comme ils disent, le pays « comme une entreprise » domine dans les esprits. Dans le château, de carte, règne la puanteur funeste d’un capitalisme ravageur de la planète et d’une 5ème « République », pour ne pas parler de « ripoublique », finissante. Renouvellement en trompe-l’œil. Des femmes entrent mais cela reste réversible car rien de constitutionnel ne garantit la parité à l’Assemblée.

 

Quid des six à dix millions de pauvres  

Une paille pour ne pas dire sur la paille. Les gagnants restent les gagnants et tout est fait pour qu’ils gagnent plus, et les perdants restent ignorés. Le pays à deux vitesses est entériné. On conserve l’assistanat car on n’envisage même pas le Revenu Citoyen et le partage du travail, solutions incontournables à la fin du chômage et à une plus juste répartition.


Quid de l’abstention et de la crise institutionnelle ? 

Le système électoral ne représente plus rien mais il n’est pas envisagé de réforme institutionnelle.

Enfin comment moraliser la politique sans moraliser l’économie, sans la légalisation contrôlée contre l’économie maffieuse, sans lutte contre le dumping social et en conservant le système de l’argent roi ? Zéro pointé en matière d’institutions.

E. Macron, versaillais bonapartiste. Quid des libertés ?  
Les mesures exceptionnelles de l’état d’urgence inutile deviennent la règle ordinaire. Nous proposons de lever l’état d’urgence permanent et de réguler les images des attentats, véritables publicités pour les auteurs. Sang-froid, méthode, intelligence, discrétion et moyens ciblés suffisent avec l’arsenal actuel. Tout cela hors des caméras morbides et objectivement complices et hors des déclarations et torses bombés.          
Le terrorisme fait un nombre infime de victimes par rapport à la pollution, à la route, à la maladie. Sachons garder raison et cessons de le mettre en avant dans notre médiatisation mortifère comme dans la course folle à la restriction des libertés. 

E. Macron considère Versailles comme « un lieu où la République s'était retranchée quand elle était menacée ». Ladite « République », c'est l'assemblée de la IIIe République à dominante monarchiste de 1871, qui envoie A. Thiers écraser la Commune. Assemblée dont le projet politique est une nouvelle Restauration et qui remplacera Thiers par l’ultra-monarchiste Mac Mahon. Ladite « République » menaçait bien davantage la République que les communards épris des idéaux de la République et les affinant dans le sens de la République sociale. E. Macron est versaillais affirmant sa conception monarchiste du pouvoir et il fait preuve d’une inculture vis-à-vis de cette assemblée monarchiste désirant abolir la République.         
Dans cette veine une commémoration comme celle de Napoléon avec présence appuyée et discours du Président, Marseillaise, fleurs et médias devient un hommage, nonobstant les crimes contre l’humanité en particulier le rétablissement de l’esclavage.

E. Macron à l’arrogance de classe et à la morgue des dominants. Chef d’orchestre de la dérive autoritaire du pouvoir, s’appuyant sur son aile sécuritaire, s’adonnant à une surenchère liberticide avec l’extrême droite, réprimant de façon irraisonnée des manifestants avec des armes de guerre, blessant et éborgnant, limitant l’état de droit et les libertés, il incarne le monarchisme non républicain, non démocrate. La seule posture avantageuse de la droite qui devient extrême est de rester un danger moindre que l’extrême droite. Que la chute du système de 5ème République les emporte ensemble.


Europe, peut mieux faire

Un cercle, noyau, fédéral, n’est toujours pas clairement proposé. Reprenons la proposition allemande faite, et repoussée par les Français, par Joschka Fischer en 2000 et associons-y notre proposition de Parlement fédéral de la zone euro siégeant à Strasbourg et de collaboration culturelle accentué comme l’apprentissage de l’espéranto dans toute l’Europe et celle des langues des pays frontaliers dans toutes les régions. Cercle fédéral de souverainetés partagées pratiquant un souverainisme européen, seul niveau possible de l’indépendance souveraine face aux sornettes populistes nationalistes des deux bords.

À partir de la définition de ce cercle fédéral, il devient possible de décrire un, deux, trois autres cercles à l’intérieur de l’Union européenne. Cela aurait pu éviter le Brexit ou constituer un cadre de sortie pour celui-ci. Entendons-nous, dans le cadre actuel de l’UE, la sortie de l’Angleterre est une bonne chose car l’Union piétine avec ce partenaire. Mais dès lors qu’un cercle fédéral se constitue, un autre cercle peut se former et accueillir à nouveau l’Angleterre. Nous ne devons pas nous résigner au Brexit calamité nationaliste pour nos amis anglais.

Dans la perspective historique longue, un troisième cercle susceptible d’accueillir la Turquie et la Russie doit être envisagé pour l’heure où ces pays seront redevenus des démocraties.

En ne différant pas la présidence française de l’Europe et en acceptant qu’elle recoupe les campagnes présidentielle et législatives françaises le pouvoir instrumentalise l’Europe.

 

Écologie, le raté Nicolas Hulot

Cette question n’est pas seulement « importante ». Elle est au

cœur de la dialectique du dispositif social et sociétal, transition écologique, avec la culture au poste de commande.

Le gouvernement d’homo-economicus avec sa vision mercantile productiviste devra changer dans ses fondements mêmes.

Ce gouvernement se situe à droite. Nous le voudrions au centre gauche. Nous voulions Mendès France, nous avons Tony Blair.


Les oppositions, chance de Macron

Macron est un condensé du vieux monde droitier peu excitant et seule la misère de ses oppositions le porte à bout de bras. Misère de l’extrême droite pétainiste intégriste catholique fascisante, misère de la droite classique absorbée par Macron et les extrêmes, misère de la mitterrando-social-démocratie ralliée au capitalisme productiviste et non convertie à la 6ème République et au R. C., misère du mitterrando-mélenchonisme aux tentations totalitaires, ambiguïtés des Verts sur la République, l’universalisme, l’islamisme, la laïcité, la langue, obscurs sur les alliances et les institutions et irénistes en matière d’immigration.

 

Appel aux marcheurs et au renouveau politique

Élus d’En Marche, on vous fait marcher et au pas : gauche-droite-droite, gauche-droite-droite, gauche-droite-droite, à l’inverse des Esprits Libres, et ça boite. Rompez les rangs de la monarchie présidentialiste, choisissez votre direction, soyez-vous-mêmes. Sortez de cette rade, de ce marais, refusez l’allégeance et constituez un groupe parlementaire indépendant d’Esprits Libres à l’Assemblée avec des élus favorables au R. C., à la réforme institutionnelle, à la légalisation contrôlée et au cercle fédéral européen. Pour une majorité d’Esprits Libres.