13       Lettre ouverte à Nuit debout

 

Demandons-nous, comme Renaud dans sa chanson : « C'est quand qu'on va où ? ».

La colère est un affect négatif, autodestructeur. Il ne s’agit pas seulement de contester ou de s’indigner mais il s'agit de proposer une politique positive pour le bien vivre commun et la démocratie vivante.

Que voulons-nous et comment le mettre en œuvre ? Que faire, quel programme ?

 

Visons au cœur du pouvoir en formulant des revendications si possibles déjà populaires et que les politiques auront autant grand mal à refuser que grand mal à accepter car elles remettent en question leur système. S’attaquer principalement à une loi, c’est s’attaquer à un arbre qui cache la forêt. Pourquoi la Loi travail plutôt que le TAFTA, la 5ème République, le nucléaire, la corruption, la pollution, les pesticides, la publicité, la grande distribution, la télé poubelle, le cléricalisme...

Bientôt tout le monde politique, médiatique et populaire sera obnubilé par la présidentielle. Les législatives suivront et le pouvoir sera installé pour cinq ans. Intervenons sur cette réalité.

 

Signons la pétition des Esprits Libres pour la suppression de l’élection monarchiste présidentialiste du président de la République au suffrage universel clé de voute de la 5ème République, cœur de la servitude volontaire. Optons pour un régime primo-ministériel, président de la République simple arbitre, élu par trois cinquièmes de l’Assemblée.

Tant qu’existe cette élection, utilisons-la au maximum en choisissant un candidat capable d’être présent au second tour pour battre la droite et l’extrême droite.

 

Exigeons un mode de scrutin électoral proportionnel paritaire à correctif majoritaire, mère de toutes les batailles pour changer le système.

Répondons politiquement aux harcèlement et violences faites aux femmes par une proposition politique d’Assemblée nationale paritaire femmes-hommes.

Proportionnelle intégrale pour 80 % des sièges, prime au gagnant de 20 % garantissant une majorité. Non cumul, 2 mandats successifs maximum. 400 députés au lieu de 585. Suppression du Sénat et du Conseil économique social et environnemental. Inscription automatique sur la liste électorale du lieu d’habitation, incitation fiscale au vote dite « vote obligatoire ».

Votes blancs représentés par des élus tirés au sort au prorata des votes blancs.

Conventions Citoyennes : Assemblées de citoyens tirés au sort doublant les assemblées d’élus, communes, régions, nation, et étudiant les dossiers en deuxième lecture.

Régions intégrant les départements. Suppression des 90 conseils départementaux. Assemblées régionales se réunissant en plénières ou en commissions départementales.

Aimer la France c’est aimer l’Europe, créons un noyau fédéral européen.

 

Évolution radicale ou révolution ? Tirons enseignement des Révolutions. Sommes-nous du côté des coupeurs de tête ou de leurs victimes exemplaires comme Condorcet ou Olympe de Gouge ?

En critiquant l’économie DE marché, choisissons une économie AVEC marché régulé, un écosocialisme libéral-libertaire et non la socialisation des moyens de production.

Pourquoi offrir ce cadeau au capitalisme en le nommant libéralisme, alors même que ce capitalisme de trusts et de monopole des banques est rarement libéral ? Pourquoi cette confusion entre le libéralisme politique, qui incarne le plus souvent la gauche, et le libéralisme économique ? Confondre libéralisme et néo-libéralisme est bien la pire erreur dialectique de la gauche, le plus beau cadeau fait à la droite et aux totalitaires des deux extrêmes. Une politique hostile au capitalisme qui ne serait pas libérale-libertaire, écolo-socialiste, serait liberticide, sociale-fasciste dans la tradition des Partis Communistes et de leurs avatars gaucho-mitterrandiens, fans de Marchais, partisans du Sénat, soutiens des dictateurs, Poutine, Chavez, Castro, et de l’oppression chinoise au Tibet, islamo-gauchistes voilés derrière la notion de « peuple », comme d’autres au nom de « Dieu ».

Disons qu’une bonne loi sur le travail inclurait un Revenu Citoyen inconditionnel pour tous de 1000 € par mois, une réduction drastique du temps de travail, la suppression de l’assistanat et des allocations en concentrant les efforts de l’État sur la culture, la formation et la santé.

Mettre fin à la centralité du travail et non polariser la société sur l’absurde plein emploi et la croissance aveugle, objectifs de moins en moins réalistes outre leur bêtise.

Choisir la créativité comme moteur de la société. Partager au maximum le travail, 32 h pour tous et 24 h pour les travaux pénibles et à faible qualification. Supprimer le maximum d’emplois inutiles et pénibles. Réorienter progressivement l’appareil productif vers une production écologique. Choisir la légalisation contrôlée, et non la libéralisation, des drogues, de l’alcool, du tabac, de la prostitution, du sport professionnel, des banques, de la publicité, des sondages…

Un autre monde n’est pas possible mais ce monde peut être autrement. Remplaçons le fétichisme de l’ordre marchand par une spiritualité civile et laïque fondée sur la primauté de l’être dans la politique, dans l’organisation de la cité.

 

Ni colère

Arrêtons de donner par démagogie la parole aux gens en colère. La colère est un mauvais affect et une mauvaise conseillère. Attendons que la colère soit passée pour prendre ou pour donner la parole. Tout ce qui bouge n’est pas rouge. Remplaçons l’ordre bourgeois par un ordre libertaire qui protège nos libertés et notre Bien Vivre commun.

            

Ni violence

Condamnons enfin ces paysans qui lors de manifestations, poussés par les gros productivistes éleveurs en batterie, diffuseurs de pesticides et pollueurs, brûlent et saccagent en toute impunité le bien public. Ces ouvriers qui séquestrent ou arrachent les chemises, s’ils sont moins condamnables que leurs patrons voraces, ne sont en rien exemplaires dans leur lutte et leurs méthodes violentes. Ces camionneurs, ces taxis, ces cégétistes qui bloquent les routes. Un véhicule n’est pas une arme à retourner contre la société. Rejetons casseurs et tagueurs qui nous discréditent, bras de l’engrenage de la répression et de la réaction, ne valant, à ce titre, pas mieux que ces policiers qu’il faut policer, dont les bavures ne se comptent plus, qui tabassent et éborgnent.

Cassons les mariages des machos auteurs de violences conjugales. Condamnons ces obscurantistes qui voilent les femmes et celles qui se voilent elles-mêmes par servitude volontaire. N’accueillons pas ceux qui ne respectent pas notre laïcité et notre non-reconnaissance du blasphème, notre droit à l’humour, à la caricature, notre liberté, notre identité. Soyons Charlie.

 

Ne confondons plus les ennemis dont les extrêmes et l’extrême droite RN en particulier, le cléricalisme, l’intégrisme, l’islamisme, le pouvoir des banques et des multinationales, les régimes autoritaires et totalitaires…

… avec les adversaires, la droite,

… avec les concurrents, qui pourraient devenir alliés demain, la gauche, les centristes, les écologistes. Exigeons d’eux la réforme du mode de scrutin.

… avec les alliés possibles, les forces citoyennes ayant refusé l’allégeance électorale à LR ou au PS et qu’il s’agit de fédérer aujourd’hui dans un front commun pour la réforme électorale.

 

Participons à toutes les élections et en particulier aux prochaines législatives en présentant des candidats partout sur un programme de mise en place du Revenu Citoyen de 1000 € pour tous, de 6ème République écologique, d’Europe fédérale et de bien vivre commun.

 

Organisons-nous en Comités locaux et thématiques permanents des Esprits Libres et ne venons, Nuit Debout, sur les places de France qu’une fois par mois pour une démonstration de force évolutive qui, sans nous épuiser, développera notre combat.

 

Librement. Bien à vous