4               Aristocratie Libertaire

 

Campagne municipale Bordeaux, mars 1983

Fin août 1981 l’agence publicitaire Avenir Publicité couvrait la France d’une affiche montrant le mannequin Myriam en bikini annonçant : « Le 2 septembre, j’enlève le haut. »

Le 2 septembre, seins nus, en monokini, Myriam annonçait sur la deuxième affiche : « Le 4 septembre, j’enlève le bas » tenant le pays en haleine. Et ce jour-là, Myriam pose, sur la troisième affiche, de dos, entièrement nue, avec pour titre : « Avenir, l’afficheur qui tient ses promesses. ».

 

J’enlève le siège

Détournant cette campagne d’affichage, en mars 1983, candidat tête de liste face à Jacques Chaban-Delmas et Catherine Lalumière, je réalise ma propre affiche électorale où, posant nu derrière un fauteuil, j’annonce : « Le 6 mars j’enlève le siège », référence au jour du vote et au siège du conseil municipal que l’on obtient avec 5% des voix. J’obtiens pour cette affiche les honneurs de la presse locale et nationale, Agence France Presse, Sud-Ouest, Bordeaux Actualités, Libération, Ouest France, Le Parisien, etc., et le prix du meilleur détournement de l’agence de communication Stratégie.

Sans un sou, sur ce seul coup de presse, la campagne de l’Aristocratie Libertaire, groupe surréaliste et situationniste bordelais, est lancée : « Dans ce théâtre qu’est la vie et sur la scène particulière qu’est la politique, la révolution existentielle est faite pour qui met en œuvre avec humilité sa mégalomanie outrepassant ainsi son désespoir » affirme la profession de foi.

 

Le bois de bouleau

« La crise existentielle est plus importante que la crise économique » et, si nous sommes élus, nous planterons un bois de bouleau dans le quartier administratif Mériadeck à Bordeaux. Pour l’annoncer, avec mon compère et grand ami Jean Christian Boulin, accompagnés de quelques amis, nous plantons un arbre, un bouleau de 1m 10 face à l’ANPE aujourd’hui Pôle Emploi.

Sud-Ouest titre : « « Nous donnerons du bouleau à tout le monde » affirment les candidats. »

Le mur de Bègles

Nous proposons d’ériger entre Bordeaux et Bègles, ville communiste à l’époque, une murette séparatrice de 20 cm au milieu du boulevard, le mur de Bègles « qui sera détruit lorsque le mur de Berlin s’écroulera ou lorsque Bègles cessera d’être tenue par les communistes ». Depuis le mur de Berlin est tombé et Bègles est devenue écologiste.

 

Il y eut aussi l’horloge « Libertine » qui enlève un vêtement à chaque heure pour paraître nue à minuit et à midi, la piscine naturiste « Marquis de Sade », le « désir nommé tramway » et surtout le projet d’aménagement des quais en plus grand jardin urbain du monde…

 

Fin de l’interview central de la campagne. Jean Eimer journaliste de Sud-Ouest m’interroge : « Et vous n’avez pas peur que votre permanence saute ? »

Réponse : « Ma permanence à l’habitude de s’envoyer en l’air. »

 

1163 voix, 1,83 % et, comme annoncé, dissolution de l’AL à la suite de la campagne.

 

Le groupe devient « Arc-en-Ciel » dans les années 1990 à 2010 puis « Les Esprits Libres » lorsqu’ Arc-en-Ciel devient le drapeau de ralliement homosexuel. Un de mes poèmes portera plus tard ce joli nom d’Arc-en-ciel et il figure dans cet ouvrage.