14 Avec André Gorz (1923-2007)


Philosophe et journaliste, proche de Jean-Paul Sartre, cofondateur du Nouvel Observateur, il théorise l’écologie politique et l’écosocialisme. Il critique l’idéologie du travail et se prononce en faveur d’un revenu d’existence.


Il constate la sortie de la civilisation du travail et la grande relève de l’homme par la machine et la science où l’on produit de plus en plus avec de moins en moins de travail. Impossible de s’identifier au travail quand le système n’a plus besoin d’une capacité et d’une force de travail régulière. L’emploi stable se raréfie. Comment concevoir une société dans laquelle le travail à plein temps des citoyens n’est plus économiquement utile ? Comment partager le travail resté utile ? Comment partager les gains de productivité et les économies de temps de travail ?

Comment travailler moins mais mieux tout en recevant sa part des richesses socialement produites ? 

La société capitaliste s’obstine à vouloir consommer autant de travail que par le passé dans sa lutte contre le chômage. Elle démultiplie les services à la personne. Pas de capitalisme sans croissance productiviste destructrice de l’humanité. Si on doit changer nos modes de consommation, il faut aussi changer nos modes de production, donc l’organisation sociale. 


S’impose un au-delà de l’économie et du travail rémunéré. La rationalisation économique libère du temps, impossible de faire dépendre le revenu des citoyens de la quantité de travail dont l’économie a besoin. Il n’est plus possible, non plus, de continuer à faire du travail rémunéré la source principale de l’identité et du sens de la vie pour chacun. 


Transformons cette libération du temps en une liberté nouvelle de gagner sa vie en recevant sa part de richesse socialement produite. Droit, de travailler moins mais mieux et de façon discontinue sans perdre le revenu de manière à reconnaître à des activités sans but économique une dignité et une valeur éminentes, tant pour les individus que pour la société.